Les images de Paris croulant sous les ordures ménagères ont fait le tour du globe. Outre la gêne occasionnée, les ordures tapissant les rues ont illustré sans ambiguïté le gâchis monstrueux engendré par la tendance à la surconsommation qui domine la société post-guerre. En seulement 12 jours de grève des éboueurs, pas moins de 10 000 tonnes de déchets s’étaient accumulées, et pourtant, cela ne concernait qu’une partie de la capitale. Greenly s’est penché sur la production des déchets ménagers et leur impact.
Pour réaliser cette étude, Greenly s’est uniquement focalisé sur les déchets ménagers (estimés à 39 millions de tonnes en 2018 selon l’ADEME) et leurs émissions induites. Cela n’inclut pas les déchets issus des entreprises (63 millions de tonnes en 2018) et ceux provenant du secteur de la construction (240 millions de tonnes en 2018).
En France, les déchets sont soit destinés à finir dans une décharge (36%), à être incinérés (30%), à être valorisés en étant recyclés (20%) ou gérés biologiquement via le compostage et la méthanisation des déchets organiques (14%).
Jetés, mais pas partis – le bilan carbone des déchets
Selon CITEPA, en 2020, le secteur du traitement centralisé des déchets en France a engendré environ 14,7 millions de tCO2e, ce qui représente 216 kgCO2e/habitant pour les 68 millions de Français.
Dans le détail, ces émissions sont issues à 90 % de la décomposition anaérobie de matière organique dans les décharges. En l’état, les déchets situés au centre ou en-dessous du tas sont privés d’oxygène, libérant ainsi du méthane (gaz à effet de serre (GES) au pouvoir réchauffant 25 fois plus élevé que celui du carbone). En 2020, le secteur du traitement centralisé des déchets était à l’origine de 23,7 % des émissions de méthane en France – soit 13 millions de tCO2e. Le reste des émissions provient des eaux usées (N2O et CH4), de l’incinération des déchets et des feux ouverts (CO2, N2O et CH4).
L’enfouissement des déchets non dangereux stockés en ISDND (Installations de stockage des déchets non dangereux) provoque leur dégradation selon une certaine cinétique, dépendant elle-même du type de déchets enfouis. Dans les faits, certains déchets enfouis dans les années 1990 sont ainsi susceptibles d’émettre encore aujourd’hui des émissions de GES. [Rapport Secten 2022]
Les émissions engendrées par le compostage et la méthanisation restent marginales dans le total du secteur.
Le poids lourd des poubelles parisiennes
Chaque Parisien produit 429 kg de déchets (Rapport de la cour des comptes – 2020), cela inclut les déchets ménagers et ceux de la collectivité.
Selon l’analyse des DMA (déchets ménagers et assimilés) des Parisiens, la composition de leurs ordures était constituée de
- 33 % d’emballages (verres, cartons, plastiques, métaux) ;
- 16,4 % de déchets alimentaires (dont 10 % de restes de repas et de 6,4 % de produits alimentaires non déballés) ;
- 12 % de papiers graphiques (papier bureautique, journaux et magazines, imprimés publicitaires) ;
- environ 20 % d’erreurs de tri dans le bac à déchets recyclables en 2020.
Réduire efficacement ces déchets
Le volume conséquent d’ordures ayant recouvert les trottoirs de Paris prouve que les efforts quant à la lutte contre le réchauffement climatique doivent être intensifiés. En ce sens, limiter la production de déchets implique obligatoirement la transition du mode de consommation actuel vers un modèle plus durable.
A l’échelle individuelle, chacun peut agir pour diminuer sa production de déchets en modifiant certaines de ses habitudes.
- Viser le zéro déchet. Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit. Il convient donc de fabriquer soi-même ses produits, de se tourner vers le vrac en apportant son propre contenant, d’acheter des produits sans emballage, d’utiliser de la vaisselle réutilisable, etc. ;
- Acheter en petite quantité afin de réduire le volume de déchets produits. Cela implique de développer le compost (dès le 1er janvier 2024, les foyers français seront d’ailleurs dans l’obligation de disposer d’un bac à compost pour trier les déchets de cuisine dans le cadre de la Loi anti-gaspi) ;
- Trier convenablement ses déchets. Un point facilité depuis le 1er janvier 2023, puisque les emballages en plastique peuvent désormais être placés dans la poubelle jaune pour être recyclé ;
- Lutter contre le gaspillage alimentaire en conservant les restes, en surveillant la date de péremption des produits, en cuisinant des légumes abîmés, etc.
Pour Tommy Catherine, expert climat chez Greenly : “La récente grève des éboueurs a mis en évidence la difficulté d’atteindre nos objectifs climatiques dans une société qui encourage la surconsommation. Nous devons prendre cela comme un signal d’alarme et de nous pencher sur l’impact de notre vie quotidienne avec le même degré de rigueur et de réalisme que celui traditionnellement réservé aux entreprises dans le cadre de l’évaluation de leur impact environnemental.”
À propos de Greenly
Créée en octobre 2019 par Alexis Normand (DG, ex-Directeur santé de Withings, HEC, Sciences-Po, passé par le bureau de Boston de Withings et Techstars), Matthieu Vegreville (CTO, X-Telecom, data scientist chez Withings) et Arnaud Delubac (CMO, ESSEC-Centrale, INSEE, précédemment chargé de communication digitale au cabinet du premier ministre), la société Offspend SAS, a lancé en janvier 2020 Greenly, première plateforme mondiale de comptabilité carbone avec près de 1000 clients entreprises en France, UK et USA. La climate tech permet aujourd’hui à toutes les entreprises, peu importent leur taille ou secteur, de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, en commençant par mesurer simplement leurs émissions de CO2. Une fois le bilan réalisé, Greenly les accompagne dans la définition d’une feuille de route pour les aider à s’aligner sur une trajectoire Net Zéro Contributor. Greenly a obtenu le label B-Corp en septembre 2022 et entend mettre à disposition son expertise à la communauté.