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Pour une planification écologique soucieuse de la santé environnementale

Martin Rieussec-Fournier (Président de la Fondation Santé Environnement de La Mutuelle Familiale sous égide de la Fondation de l’Avenir)

La santé de l’homme ne dépend pas seulement d’un bon système curatif, mais aussi de nos relations à l’écosystème. Les interactions de l’environnement sur l’homme et sa santé sont aujourd’hui évidentes comme le documente avec pédagogie le très beau film de Marie Monique ROBIN, la Fabrique des pandémies, soutenu par la Fondation Santé Environnement de La Mutuelle Familiale (sous égide de la Fondation de l’Avenir).

Tout ce qui peut permettre d’avancer dans cette voie doit être promu, et dans cet esprit, nous ne pouvons que nous féliciter qu’une volonté politique nouvelle s’exprime en plaçant la planification écologique au rang des priorités nationales.

Il convient que ce vaste programme recouvre véritablement toutes les facettes d’un développement durable, respectueux de l’être humain et de la biodiversité sur terre.

Parmi ces facettes, nous attirons l’attention sur la santé environnementale qui constitue un défi sanitaire, social et économique majeur en raison de l’explosion des maladies chroniques, du développement de pandémies et leur impact sanitaire, social et économique.

En 2018 déjà, chercheurs, scientifiques, économistes, dirigeants mutualistes et associatifs, réunis en colloque au Conseil économique social et environnemental  (C.E.S.E.) à l’initiative de La Mutuelle Familiale, s’alarmaient de ce risque, appelant à réfléchir sur « le coût de l’action et le coût de l’inaction ».

A juste raison, le président de la Mutualité Française Eric CHENUT, rappelle que « selon la littérature scientifique, la santé environnementale expliquerait deux-tiers des déterminants de santé tandis que les facteurs génétiques et le système de soins expliqueraient respectivement 22 % et 11 %. » Rester sur une prise en charge uniquement curative ne constitue donc qu’une partie des réponses à cet enjeu de santé environnementale qui touche la population, et en particulier les plus fragiles qui sont aussi les moins informés.

Le lien entre environnement et santé est de plus en plus perçu par l’opinion, prête à agir individuellement mais en attente aussi d’actions collectives.

C’est ce que révèle le premier Baromètre Santé Environnement réalisé par l’institut Viavoice à la demande de la Fondation Santé Environnement de La Mutuelle Familiale.

(Baromètre “Les Français et la santé environnementale” réalisé par ViaVoice pour la Fondation Santé Environnement de la Mutuelle Familiale.

Méthodologie de l’enquête : l’enquête pour réaliser ce baromètre “Les Français et la santé environnementale” a été menée par l’institut Viavoice en ligne du 21 au 25 janvier 2022 auprès du grand public (échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population résidant en France métropolitaine, âgée de 16 ans et plus) et de professionnels du secteur médico-social (échantillon de 250 personnes travaillant dans le secteur du médico-social). Pour le grand public, la représentativité est assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, profession, région et catégorie d’agglomération.)

83 % des personnes interrogées dans cette enquête se déclarent intéressées par le sujet de la santé environnementale ; 9 sur 10 (89 %) pensent que l’impact de l’environnement sur la santé est évident ; un interviewé sur deux dit percevoir davantage l’impact de l’environnement sur la santé depuis la pandémie mondiale.

Parmi les objets de préoccupations majeurs, on note l’exposition à des produits chimiques issus de la consommation courante, la pollution de l’air extérieur, la dégradation de la qualité de l’eau et des sols ainsi que l’alimentation.

Le Baromètre révèle trois principaux freins au changement : le manque de moyens financiers qui éloignent les Français des bonnes pratiques favorables à leur environnement et leur santé (plus de 50 % des sondés) ; l’attente de l’impulsion des pouvoirs publics pour la création de conditions favorables au changement (plus de 30 % des sondés) ; le manque d’information autour de la santé environnementale (30 % des sondés).

Pourtant, la volonté d’information est réelle : 45 % des Français et 60 % des professionnels de santé sondés aimeraient s’informer sur les enjeux du lien entre la santé et l’environnement mais ne savent pas où trouver l’information (26 %).

Il est intéressant de noter que dans ce baromètre, les Français jugent prioritaire de contraindre les entreprises et les pays par l’application de nouvelles lois et réglementations (30 %), de renforcer le contrôle et l’application des mesures environnementales en vigueur (28 %), d’inciter les industriels et les entreprises à adopter de bonnes pratiques.

L’opinion publique partage donc l’idée que la sensibilisation des acteurs aux enjeux de la santé environnementale constitue plus que jamais un combat sanitaire majeur, fondé tant sur des engagements individuels, que sur des efforts de prévention, et sur l’évolution de la réglementation. La complémentarité des efforts de tous est la clé car seule l’action collective permettra de promouvoir des conditions environnementales favorables.

Autre révélation qui interpelle : selon ce Baromètre, plus d’un professionnel de santé et du secteur médico-social sur deux attend davantage de prévention et se sent très insuffisamment outillé et formé pour accompagner le grand public sur la santé environnement. Près d’un sur deux craint que le système de santé français ne soit pas capable de gérer les maladies causées par l’environnement dans les années à venir. Déjà en 2019, l’étude réalisée par la Fondation Santé Environnement auprès des écoles en maïeutique avait révélé le manque de formation des professionnels aux enjeux de santé environnementale, alors même qu’ils estiment devoir jouer un rôle majeur pour diffuser de l’information et accompagner le grand public.

La refondation des politiques de prévention et de santé publique s’avère cruciale et doit s’accompagner de mesures financières et organisationnelles fortes permettant de pérenniser notre système de protection sociale.

En effet, l’incidence des maladies chroniques a été multipliée par 3 entre 1994 et 2016 ; elles représentent 60 % des dépenses de santé en France. Or les maladies chroniques, non transmissibles, sont le plus souvent évitables si l’on intervient sur les facteurs de risques que sont une mauvaise alimentation, la sédentarité, l’exposition aux perturbateurs endocriniens, la pollution de l’air, de l’eau….

Cette incidence aggravée par les effets des pandémies invite à réfléchir sur le risque d’insoutenabilité des dépenses consacrées à la réparation. Cela pose aussi le double enjeu de la prévention de ces maladies environnementales et du financement pérenne de notre système de protection sociale. En effet, la question qui se pose à tous est bien de faire vivre et d’adapter notre modèle social pour garantir à chacun et à toutes les générations le droit à la santé, aux soins et à la prévention en renforçant les solidarités entre tous.

La Fondation Santé Environnement de la Mutuelle Familiale soutient non seulement la recherche médicale appliquée et informe sur les polluants du quotidien. Elle promeut aussi les solutions et les actions citoyennes par lesquelles nous parviendrons à intégrer la santé environnementale dans le grand dessein de transition écologique. Le tout en vue de protéger les générations futures et de conserver un rôle sociétal à notre système de protection sociale !

Elliot

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