Le FIDA lance une initiative pour contenir le réchauffement planétaire
Dans un contexte où la forte diminution des émissions de méthane s’impose pour maintenir le réchauffement planétaire au-dessous de 1,5°C, le Fonds international de développement agricole (FIDA), institution financière internationale et organisme spécialisé des Nations Unies, lance une nouvelle initiative visant à aider les pays en développement à réduire les émissions de méthane du secteur agricole et de l’agriculture paysanne. Comme annoncé aujourd’hui au Sommet AIM for Climate consacré à l’innovation agricole au service de l’action climatique, le Global Methane Hub et le Département d’État des États-Unis d’Amérique investiront respectivement 3 millions et 1 million d’USD à l’appui du programme.
Près de 42% des émissions de méthane proviennent du secteur agricole, principalement de l’élevage, en raison de la fermentation entérique et de la gestion du fumier, de la riziculture inondée et du brûlage des résidus de récolte. S’ils contribuent bien moins aux émissions que l’agriculture industrielle et de grande échelle, les petits exploitants peuvent tout de même participer aux efforts d’atténuation.
« La courte durée de vie du méthane dans l’atmosphère signifie que nous pouvons ralentir le rythme du réchauffement planétaire en peu de temps si nous agissons dès maintenant », a déclaré Juan Carlos Mendoza, Directeur de la Division environnement, climat, genre et inclusion sociale du FIDA. « La réduction des émissions de méthane est une priorité, et le FIDA investit aux côtés de ses partenaires pour qu’elle génère des avantages pour la planète tout en améliorant les moyens d’existence des communautés rurales. »
« Les financements serviront à apporter aux petits exploitants agricoles une aide stratégique et financière adaptée pour réduire leurs émissions de méthane, tout en augmentant leur production alimentaire et leurs revenus. Nous sommes ravis de travailler avec le FIDA pour concrétiser ce programme et contribuer à réaliser les objectifs du Pacte mondial sur le méthane », a déclaré Rick Duke, envoyé spécial adjoint des États-Unis pour les questions climatiques.
« Nous avons observé qu’en ce qui concerne l’atténuation des émissions de méthane agricole, le financement international de l’action climatique et du développement n’est ni suffisant ni correctement acheminé vers les régions émettrices », a déclaré Hayden Montgomery, directeur du programme agricole du Global Methane Hub. « Nous sommes convaincus que le nouveau programme du FIDA démontrera comment bien prendre en compte l’atténuation du méthane dans les projets de développement agricole et comment débloquer le financement climatique. Nous espérons que d’autres partenaires de développement prendront exemple. »
Si plus de 150 pays ont signé le Pacte mondial sur le méthane établi en 2020, et accepté de prendre des mesures volontaires pour réduire ensemble les émissions mondiales de méthane d’au moins 30% avant 2030, plusieurs d’entre eux ont besoin d’aide en vue d’élaborer des stratégies et des procédures adéquates pour atteindre leurs objectifs.
Dans le cadre de cette initiative, le FIDA apportera son appui à l’élaboration d’un guide pour aider les pays à tenir compte de la réduction des émissions de méthane dans leurs contributions déterminées au niveau national, leur planification, leur budget et leurs procédures relatives aux investissements publics, et à améliorer la réserve d’interventions susceptibles d’être financées et pionnières en matière de réduction des émissions de méthane du secteur agricole et des systèmes alimentaires.
Le FIDA fournira une assistance technique à 15 pays pour encourager la prise en compte des émissions de méthane dans leurs contributions déterminées au niveau national actualisées, destinées à être présentées en 2025 à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le Fonds aidera par ailleurs ces pays à concevoir des projets et des solutions de financements mixtes destinés à réduire les émissions de méthane dans l’agriculture et les systèmes alimentaires.
L’initiative contribuera à mettre en lumière les multiples avantages des différentes solutions visant à réduire les émissions de méthane. Par exemple, les approches axées sur la qualité des aliments pour animaux permettront aussi d’améliorer la santé animale et les techniques d’élevage. L’instauration de certaines techniques visant à réduire la quantité d’eau nécessaire à la culture du riz, ou encore l’utilisation de variétés de riz améliorées de cycle court conduisent également à une hausse de la production rizicole.
« La réduction des émissions de méthane n’implique pas nécessairement une diminution de la production. Au contraire, de nombreuses pratiques agricoles sont des solutions avantageuses sur tous les plans, susceptibles d’entraîner à la fois une baisse des émissions et une hausse de la production et des revenus agricoles. Ce point est fondamental, car bon nombre d’exploitants vivent dans la pauvreté ou presque, et maints pays ont besoin d’accroître la production intérieure à des fins de consommation locale », a déclaré M. Mendoza.
En novembre dernier, le FIDA et le Département d’État des États-Unis ont annoncé la création d’un nouveau partenariat, estimé à environ 500 millions d’USD, destiné à aider les petits exploitants des pays en développement à mieux s’adapter aux changements climatiques, à réduire davantage leurs émissions de méthane, très polluantes, et à donner la priorité à la réduction de ces émissions dans les prochains projets du FIDA.
Quelques mots sur le FIDA
Le FIDA est une institution financière internationale et un organisme spécialisé des Nations Unies dont le siège est situé à Rome, centre névralgique des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Le FIDA investit dans les populations rurales en les dotant des moyens de réduire la pauvreté, d’accroître la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de renforcer la résilience. Depuis 1978, il a octroyé 24 milliards d’USD sous la forme de prêts à faible taux d’intérêt et de dons, dans le cadre de projets menés dans des pays en développement.