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Alliance Syngenta–Amoéba

une nouvelle génération de biocontrôles pour protéger les céréales européennes

L’innovation dans la protection des cultures connaît aujourd’hui un tournant majeur grâce à une découverte biologique inattendue : l’utilisation d’amibes pour développer un biofongicide naturel capable de protéger le blé et d’autres céréales stratégiques. À travers un partenariat ambitieux, Syngenta Crop Protection et la greentech française Amoéba unissent leurs expertises pour concevoir et commercialiser une nouvelle offre de biocontrôle destinée à l’Union européenne et au Royaume-Uni. Cette alliance pourrait transformer durablement les stratégies de protection végétale dans un contexte marqué par la résistance croissante des ravageurs et par la réduction du nombre de solutions conventionnelles disponibles.

Une innovation fondée sur les propriétés uniques de l’amibe Willaertia magna

Au centre de cette avancée scientifique se trouve le lysat de l’amibe Willaertia magnablé, céréale, protection, végétaux C2c Maky, un micro-organisme unicellulaire dont le potentiel antifongique a été mis en lumière par les travaux d’Amoéba. Le biofongicide issu de ce lysat s’attaque directement aux champignons responsables de maladies majeures affectant les céréales, tout en activant les mécanismes naturels de défense de la plante. Les essais menés démontrent une efficacité notable, plaçant ce produit parmi les innovations les plus prometteuses de la décennie dans le domaine du biocontrôle.

Cette technologie se distingue par son origine biologique, son mode d’action non chimique et sa compatibilité avec les programmes de gestion intégrée des cultures. À l’heure où les réglementations se durcissent et où la nécessité d’alternatives aux pesticides traditionnels devient urgente, cette solution offre aux agriculteurs une voie crédible, durable et scientifiquement solide.

Un partenariat stratégique entre deux acteurs complémentaires

Syngenta, leader mondial de la protection des cultures, et Amoéba, spécialiste des biotechnologies à base d’amibes, ont signé un protocole d’accord visant à accélérer le développement et la mise sur le marché de ces solutions innovantes. Leur objectif : rendre accessible une nouvelle génération de produits de biocontrôle pour les céréales et cultures de plein champ en Europe et au Royaume-Uni. Les partenaires prévoient de finaliser un accord de distribution d’ici le printemps 2026.

Syngenta mobilise dans ce projet son expertise scientifique, sa capacité d’industrialisation et sa puissance de distribution. Pour Amoéba, cette collaboration constitue une étape structurante, venant couronner quinze années de recherche et d’industrialisation, et renforçant la visibilité internationale de sa technologie.

Du côté de Syngenta, Matthew Pickard, responsable Protection des semences et Produits biologiques pour l’Europe, souligne une démarche cohérente avec la stratégie du groupe : développer des solutions inspirées de la nature et scientifiquement robustes, capables de répondre aux attentes croissantes en matière de durabilité.

Les dirigeants d’Amoéba, Benoit Villers et Jean-François Doucet, saluent un partenariat qui « associe une innovation de rupture à la force de frappe commerciale d’un leader mondial », tout en ouvrant la voie à des utilisations plus larges pour d’autres cultures.

Des maladies du blé qui coûtent des milliards à l’agriculture

La première cible de cette collaboration concerne deux maladies fongiques majeures du blé :

  • la septoriose du blé (STB),

  • la rouille jaune.

Chaque année, ces pathologies touchent entre neuf et douze millions d’hectares de blé en Europe et au Royaume-Uni. Les pertes économiques sont colossales : en Allemagne, la seule STB génère des pertes de rendement allant de cinq à cinquante pour cent, représentant un coût annuel estimé à 1,5 milliard d’euros. La rouille jaune, quant à elle, peut réduire les rendements jusqu’à soixante-dix pour cent, voire entraîner une destruction totale des cultures les plus sensibles.

Dans un contexte où les agriculteurs disposent d’un arsenal de plus en plus restreint pour lutter contre ces maladies, la mise à disposition d’un biofongicide naturel, efficace et compatible avec les pratiques agricoles modernes représente une avancée majeure.

Une technologie déjà reconnue et primée

La technologie développée par Amoéba bénéficie d’une reconnaissance internationale. Le lysat de Willaertia magna a reçu la médaille d’or Bernard Blum en 2025, récompensant la solution de biocontrôle la plus prometteuse au monde. L’Union européenne a approuvé la substance active en juin 2025, après évaluation scientifique par l’EFSA, ouvrant ainsi la voie aux autorisations de mise sur le marché dans les différents États membres.

À ce jour, Amoéba est la seule entreprise au monde capable de produire des volumes industriels suffisants de cette amibe, protégée par un vaste portefeuille de brevets. Cette exclusivité renforce l’intérêt commercial du partenariat avec Syngenta.

Deux visions convergentes : durabilité, résilience et innovation

Syngenta inscrit cette collaboration dans sa stratégie mondiale d’innovation agricole durable, axée sur la réduction de l’impact environnemental et la promotion de pratiques plus résilientes. L’entreprise investit massivement dans les produits biologiques de nouvelle génération, conçus pour protéger les cultures tout en améliorant la santé des sols et la qualité des rendements.

Amoéba, de son côté, aspire à devenir un acteur majeur du traitement du risque microbiologique, tant dans la protection des plantes que dans les applications cosmétiques. Son modèle industriel, fondé sur la biologie naturelle et la réduction de l’usage des produits chimiques, s’inscrit pleinement dans les attentes sociétales actuelles et les exigences réglementaires.

Vers une nouvelle ère du biocontrôle européen

Le partenariat entre Syngenta et Amoéba marque une avancée décisive dans le domaine de la protection des cultures. En combinant la puissance industrielle d’un leader mondial et l’innovation biotechnologique unique d’une greentech française, cette collaboration pourrait révolutionner les pratiques agricoles en Europe.

Dans un contexte de changement climatique, d’évolution réglementaire et de pressions croissantes sur les rendements, les solutions de biocontrôle inspirées du vivant apparaissent comme un levier stratégique pour l’avenir. L’amibe Willaertia magna, jusqu’ici méconnue, pourrait bien devenir l’un des symboles de cette transition vers une agriculture plus durable, plus résiliente et moins dépendante des produits chimiques conventionnels.

La mise sur le marché prévue à l’horizon 2026 ouvrira une nouvelle page pour les céréaliers européens, mais aussi pour l’ensemble du secteur agricole, en quête de solutions capables de conjuguer performance, environnement et innovation.

Elliot

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