Un traité pour lutter contre la pollution plastique : où en est-on ?
À Busan, en Corée du Sud, se tient actuellement la cinquième session de négociations pour un traité mondial sur la pollution plastique. Ce cadre multilatéral vise à élaborer un texte ambitieux pour réduire les impacts environnementaux, sanitaires et économiques du plastique.
Les discussions, menées sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’environnement, révèlent des tensions autour des articles du futur traité. Ces divergences concernent la gestion du cycle de vie des plastiques, la production mondiale, ainsi que la prise en compte des substances chimiques préoccupantes.
Un appel global contre les bouteilles en plastique
Parmi les nombreux produits plastiques, les bouteilles en plastique figurent en tête des préoccupations. 103 associations de différents continents ont signé un appel pour réduire drastiquement leur usage. Ces organisations, dont des françaises comme No Plastic In My Sea et la Fresque du plastique, alertent sur plusieurs points clés :
- La pollution des océans : Selon une étude publiée dans Nature Sustainability, les bouteilles plastiques sont le deuxième déchet plastique le plus retrouvé en mer.
- La croissance de l’industrie de l’eau embouteillée : Avec une augmentation de 73 % en dix ans, cette industrie s’écarte des objectifs d’accès universel à l’eau potable, selon l’Université des Nations Unies.
- Les risques pour la santé humaine : Les bouteilles en plastique libèrent des microplastiques – jusqu’à 240 000 particules par litre d’eau embouteillée – et des produits chimiques potentiellement toxiques.
Faire face aux lobbys de l’industrie plastique et des boissons
Le poids des lobbys industriels se fait sentir dans les négociations. À Busan, 21 représentants de groupes comme Coca-Cola, Pepsi et des associations internationales des boissons embouteillées défendent des positions centrées sur le recyclage, sans remettre en question la production de plastique. Parallèlement, 220 lobbys de la pétrochimie ont été identifiés, ajoutant à la complexité des discussions.
Malgré cela, les associations environnementales parviennent à faire entendre leurs revendications. Elles ont remis leur appel à plusieurs délégations, dont celles de la France et de l’Union européenne, ainsi qu’à des figures clés comme Inger Andersen, Directrice du Programme des Nations Unies pour l’environnement.
Des avancées limitées et des frustrations croissantes
Mercredi après-midi, une séance plénière a exposé les divergences profondes sur des sujets comme la vision du cycle de vie du plastique ou le financement des initiatives. Plusieurs pays, notamment d’Amérique du Sud et du Pacifique, ont exprimé leur frustration face au manque de progrès, appelant à un changement de dynamique dans les négociations.
Cependant, des pays comme la Russie, l’Inde et l’Arabie Saoudite ont opposé leur veto à l’avancée vers la rédaction juridique des textes, freinant encore le processus.
Un dernier espoir pour un traité ambitieux
Avec seulement quelques jours restants, l’Union européenne et d’autres délégations insistent sur la nécessité d’un traité ambitieux pour répondre aux attentes des générations futures. Les débats à venir seront déterminants pour établir un cadre contraignant et efficace face à la crise mondiale du plastique.
Les enjeux sont immenses : au-delà de la réduction des bouteilles plastiques, il s’agit de repenser l’ensemble du modèle de production et de consommation des plastiques.
À propos du Traité mondial sur les plastiques :
Le 2 mars 2022, les Nations Unies ont approuvé un accord historique visant à créer le tout premier traité mondial sur la pollution plastique, adopté à l’issue de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA 5.2). Le mandat, intitulé “Mettre fin à la pollution plastique : Vers un instrument international juridiquement contraignant”, permet de négocier un traité qui couvrira des mesures tout au long du cycle de vie du plastique. Un comité international de négociation (CIN) est chargé de rédiger le traité d’ici fin 2024.
L’association No Plastic In My Sea a pour vocation d’alerter sur la pollution plastique et d’agir à la source contre ce fléau. Elle assure veille et plaidoyer afin de développer une prise de conscience et d’initier des actions concrètes pour réduire l’impact environnemental et sanitaire du plastique. Elle référence et promeut les solutions alternatives, telles que le réemploi.