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Le recours à la climatisation n’est pas à la portée de tous

Lorsqu’on a construit, à partir des années 1960, des maisons d’habitation vendues sur plan (tant la demande était forte), on créait des passoires thermiques. Tout en soignant le chauffage en prévision des hivers froids de l’époque, les étés étaient alors plus ou moins chauds, avec des pics de chaleur de courte durée mais sans véritables canicules.

À cette époque, les réfrigérateurs étaient à peine connus. Pour rafraîchir les boissons, on achetait des blocs de glace à placer dans une bassine. Dans les immeubles d’avant-guerre, on se chauffait au charbon. Personne n’avait alors entendu parler d’isolation. L’électroménager, présenté dans les films américains, représentait des appareils qui mettraient du temps à traverser l’océan. On ne les connaissait pas et cela ne rendait pas malheureux.

La climatisation change la vie de ceux qui en disposent, surtout s’ils habitent un immeuble relativement récent et pré-équipé. Car climatiser un appartement moderne n’est pas toujours possible en raison du peu de hauteur sous plafond. Dans ces conditions, on se rabat sur des climatiseurs mobiles, avec un extracteur de chaleur à placer dans une fenêtre, laissant ainsi passer de la chaleur. On peut aussi utiliser un ventilateur qui, sans véritablement rafraîchir, donne une impression de fraîcheur en créant un courant d’air.

Le nombre de jours de canicule, avec des températures dépassant 35 °C, ne cesse d’augmenter, accentuant les besoins de la population en air conditionné. C’est un indicateur des inégalités énergétiques, qui s’ajoute aux autres formes d’inégalités sociales. Ces inégalités peuvent être vitales pour les personnes les plus fragiles. Autrefois, la précarité énergétique en Europe était majoritairement associée aux vagues de froid.

Aujourd’hui, le besoin d’un climatiseur pour affronter les vagues de chaleur met en lumière une nouvelle forme de précarité. Un ménage est considéré comme précaire si ses dépenses énergétiques, liées au chauffage et au refroidissement, dépassent 10 % de ses revenus. L’utilisation de la climatisation plonge davantage de ménages dans cette situation.

Selon une étude parue en mars de cette année dans la revue Nature, en 2050, 60 millions d’Européens et 640 millions d’Indiens seront exposés aux canicules sans être équipés de climatiseurs, risquant ainsi le stress thermique. D’après les projections, 80 % des 10 % de ménages les plus riches au monde seront équipés de climatiseurs en 2050, contre seulement 2 à 23 % pour les ménages les plus pauvres. Seuls 15 % des 3,5 milliards de personnes vivant dans des pays chauds auront une climatisation, tandis que certaines régions, comme l’Amérique du Nord, sont suréquipées.

Tout en accentuant les inégalités entre les pays du Nord et les pays du Sud, la climatisation renforce les disparités au sein même des pays. Par exemple, en Italie, l’écart d’équipement varie de 39 % à 10 % selon le niveau de revenu.

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