Autonomie énergétique : le rêve à portée de main ou simple mirage ?
Une aspiration largement partagée, mais une réalité encore très limitée
Selon une étude menée en avril 2025 par le fabricant de poêles à bois HASE auprès de 2 102 Français vivant en maison individuelle, près de 8 Français sur 10 aimeraient devenir autonomes sur le plan énergétique.
Méthodologie : Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2 102 personnes résidant en France dans une maison individuelle, âgées de 18 ans et plus. Sondage effectué en ligne du 15 au 23 avril 2025 à partir du panel de répondants BuzzPress (27 500 personnes en France sondées électroniquement par email et sur les réseaux sociaux Facebook et LinkedIn). Réponses compilées et pondérées en fonction de quotas préétablis visant à assurer la représentativité de l’échantillon et afin d’obtenir une représentativité de la population visée. Toutes les pondérations s’appuient sur des données administratives et sur les données collectées par l’INSEE.
Une aspiration renforcée par les enjeux climatiques, la flambée des prix de l’énergie, et la recherche croissante de résilience. Mais derrière ce désir, seuls 9 % des foyers seraient aujourd’hui réellement capables de s’autosuffire. Pourquoi un tel écart ?
L’autonomie énergétique ne se résume pas à l’installation de panneaux solaires. Elle repose sur un triptyque : production d’énergie (solaire), stockage et chauffage (via un poêle à bois), et réduction des besoins (grâce à une bonne isolation). Ces trois piliers doivent être réunis pour espérer sortir des réseaux traditionnels.
Le chauffage au bois : un potentiel sous-exploité
Premier pilier, le chauffage au bois, déjà bien implanté dans les foyers français, pourrait être davantage mobilisé. Plus de 55 % des habitants de maisons individuelles indiquent avoir la possibilité d’installer un poêle à bois. Pourtant, seulement 33 % l’utilisent actuellement (11 % en chauffage principal et 22 % en appoint).
Ce décalage peut s’expliquer par une méconnaissance des dispositifs, un manque d’accompagnement, ou des freins d’ordre pratique (installation, coût, réglementation locale). Pourtant, le bois reste l’une des énergies les plus écologiques, renouvelables et accessibles.
Le solaire : des freins économiques et géographiques persistants
Deuxième composante essentielle de l’autonomie : la production solaire. Si 51 % des Français considèrent que leur maison est bien exposée, seuls 47 % estiment pouvoir techniquement y installer des panneaux solaires, avec de grandes disparités régionales : 59 % dans le Sud/Sud-Ouest contre seulement 31 % dans le Nord-Est.
Les coûts restent un frein majeur : de 7 500 à 30 000 € selon la puissance (source Hello Watt). Toutefois, la dynamique est là : 61 % des Français seraient prêts à investir dans une installation solaire avec batterie si des aides publiques couvraient au moins 50 % des frais.
L’isolation : maillon faible de l’équation
Enfin, la réduction de la consommation énergétique passe par une isolation thermique performante. Aujourd’hui, seuls 33 % des logements sont bien isolés (classés A, B ou C). Les “passoires thermiques” (F et G) représentent encore près de 14 % du parc résidentiel, selon le Ministère de l’Aménagement du territoire.
Plus inquiétant : 39 % des personnes interrogées ne connaissent pas la classe énergétique de leur logement. Pourtant, 59 % des Français envisageraient de réaliser des travaux d’isolation si une aide publique couvrait entre 60 et 80 % des coûts. Le potentiel d’amélioration est donc réel, mais demande un soutien massif.
Une autonomie rêvée mais encore inaccessible pour la majorité
En combinant les trois critères – poêle à bois, panneaux solaires, bonne isolation – seuls 9 % des foyers disposent actuellement des conditions requises pour être autonomes. Une donnée à mettre en perspective avec les 79 % de Français qui aspirent à cette indépendance.
Face à cet écart, une majorité lucide : 27 % jugent cet objectif impossible dans leur situation actuelle, 38 % ne l’envisagent que grâce à des aides publiques renforcées. Autrement dit, l’État et les collectivités locales ont un rôle décisif à jouer.
Rendre l’autonomie énergétique accessible
L’étude commandée par HASE révèle un paradoxe frappant : l’autonomie énergétique suscite un engouement massif mais reste une possibilité marginale. Le triptyque solaire – bois – isolation constitue une solution réaliste, mais qui requiert à la fois une meilleure information, un accompagnement technique et surtout un financement public renforcé.
À l’heure de la transition énergétique et de la sobriété voulue, favoriser cette autonomie pourrait devenir un véritable levier de résilience écologique, économique et sociale. Pour cela, il faut lever les obstacles et transformer une aspiration citoyenne en ambition nationale.