Valoriser la biodiversité
un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique
Le cabinet Roland Berger a publié une étude portant sur le caractère essentiel de la biodiversité et l’importance de son intégration dans le modèle économique des organisations à l’échelle mondiale. Avec une diminution des populations d’espèces sauvages allant jusqu’à -70% ces 50 dernières années, cette crise a un impact significatif sur l’environnement et augmente les risques d’effondrement écologique à court-terme.
Dans ce travail, le cabinet Roland Berger révèle la nécessité pour les entreprises d’ajuster leurs modèles économiques pour y inclure la valorisation de la biodiversité et des écosystèmes, et élaborer des stratégies plus durables.
L’étude propose une approche en cinq étapes pour faciliter la valorisation de la biodiversité, en plaidant pour un effort unifié entre les défenseurs de l’environnement, les décideurs politiques et les entreprises.
Le dérèglement climatique et la crise de la biodiversité bouleversent nos sociétés à l’échelle mondiale. Entre 1970 et 2022, les populations d’espèces sauvages ont ainsi diminué de près de 70% dans le monde entier et de 18% en Europe et en Asie centrale. Le plus grand déclin d’espèces observées concerne celles vivant dans les eaux douces avec une chute de 83%.
Dans ce contexte, la COP 15 de Montréal en 2022 a joué un rôle crucial dans la sensibilisation et l’importance à accorder à la biodiversité. Sophie Duval-Huwart, Directrice de la Stratégie, Veolia, souligne ainsi que : « L’année dernière, la COP 15 de Montréal a bénéficié d’une visibilité sans précédent. Le simple fait que la biodiversité ait été à l’ordre du jour de la COP 28 – une COP généraliste – représente une avancée majeure. Les décideurs s’attaquent au problème en ciblant la bonne échelle. »
La biodiversité au cœur de la transformation vers une économie plus durable
Dans l’étude publiée ce jour, le cabinet Roland Berger souligne les graves conséquences de la diminution de la biodiversité pour la stabilité des services écosystémiques vitaux tels que la pureté de l’eau et l’air, la fertilisation et la pollinisation agricoles, l’absorption du carbone, ou encore la protection des côtes et le tourisme axé sur la nature. Ce déclin entraîne des risques environnementaux et climatiques, mais également géopolitiques et économiques.
Conscient de la nécessaire préservation de l’environnement, le cabinet Roland Berger préconise un recalibrage du modèle économique des entreprises pour y inclure la valorisation de la biodiversité. En traduisant la valeur de la biodiversité et des écosystèmes en termes économiques, les entreprises et décideurs politiques pourront évaluer plus précisément les tenants et aboutissants de leurs projets, permettant ainsi des prises de décision plus durables, notamment via des « Nature-based Solutions » (NbS) ou solutions fondées sur la nature.
Claire Pernet, Partner, Roland Berger et co-autrice de l’étude souligne : « La biodiversité est un défi que nous devons résoudre par l’innovation et la collaboration. Notre étude présente une stratégie transformatrice en cinq étapes pour intégrer la valorisation de la biodiversité dans les processus décisionnels clés. Elle met également en avant la nécessité d’exploiter les nouvelles technologies telle que l’intelligence artificielle afin de collecter, consolider et piloter les données liées à la biodiversité. Nous souhaitons déployer une collaboration synergique entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Cette dernière est essentielle pour créer un langage et un cadre communs en vue d’une gestion environnementale durable. »
Valoriser la biodiversité : un processus formalisé et collaboratif
L’étude présente une approche globale en cinq étapes pour mettre en pratique la valorisation de la biodiversité de manière systématique et rigoureuse :
- Cartographier la biodiversité et les services écosystémiques dans les régions concernées (identification de la prévention de l’érosion, de la réduction de l’impact des événements naturels, de l’incidence des activités humaines…) ;
- Réaliser une valorisation de la biodiversité et des services écosystémiques observés (contrôle des activités touristiques locales et de leur impact, réalisation d’études auprès des communautés locales pour évaluer la volonté de payer pour la conservation…) ;
- Analyser les coûts des projets de développement économique et de conservation (évaluation de la proximité de projets avec des sites sensibles, de leur retour sur investissement et de leurs risques associés…) ;
- Formaliser une analyse coûts-bénéfices du projet envisagé (mise en avant des bénéfices d’un projet sur la biodiversité tels que la restauration d’écosystèmes, la protection du littoral…) ;
- Mettre en œuvre le projet en surveillant la biodiversité et les écosystèmes (évaluer l’état des écosystèmes et de la biodiversité après le lancement du/des projet(s)).
La biodiversité et le changement climatique représentent des enjeux vitaux et sociétaux considérables. Pour assurer le développement d’une économie durable, les organisations doivent impérativement prendre en compte la biodiversité et l’intégrer dans leurs modèles économiques. Cela passe également par des décisions politiques fortes.
Guillaume Bregeras, Responsable de la connaissance et Directeur Général, 2050 affirme ainsi : « Il est essentiel que les politiques intègrent la biodiversité dans leurs décisions, en matière de financement ou d’infrastructures. La biodiversité a un impact global. Offrir une formation de haute qualité sur la biodiversité aux agents publics aura des répercussions positives sur leurs interlocuteurs privés ainsi que sur le grand public. C’est ce qui se produit actuellement grâce aux nouveaux référentiels ESG sur la biodiversité, tels que le TNFD (un groupe de travail mondial pour identifier et rendre compte des risques liés à la nature), auxquels les entreprises devront se conformer dans un avenir proche ».
L’approche proposée par Roland Berger met en évidence l’opportunité pour les gouvernements et les entreprises de faire de la valorisation de la biodiversité une pratique standard dans les processus décisionnels. L’étude constitue un appel à une action urgente pour intégrer cette valorisation dans les cadres économiques et politiques internationaux.
Paul Chatterton, géographe et fondateur du Landscape Finance Lab conclut que : « Développer la valorisation du capital naturel est crucial. Cela doit inspirer les investissements. Des nouveaux outils de valorisation sont déjà expérimentés dans plusieurs pays, pilotés par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (EBRD), aux côtés de banques multilatérales. Nous les généraliserons sous peu. »
A propos de Roland Berger
Fondé en 1967, Roland Berger est le premier cabinet de conseil de directions générales d’origine européenne et à l’ancrage international. Implanté en France depuis 1990, le bureau de Paris avec près de 300 collaborateurs, conseille les plus grandes entreprises internationales ainsi que des institutions publiques, sur l’ensemble de leurs problématiques, du conseil stratégique à la mise en œuvre opérationnelle. Avec la conviction que le monde a besoin d’un nouveau paradigme durable sur toute la chaîne de valeur des entreprises, il s’attache à proposer des solutions innovantes, avec une attention particulière portée à l’obtention de résultats concrets et mesurables.