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Photovoltaïque et artificialisation des sols : comment éviter les projets absurdes ?

L’énergie solaire représente l’un des piliers de la transition énergétique. Inépuisable, non émettrice de gaz à effet de serre, accessible à grande échelle, elle semble cocher toutes les cases. Pourtant, depuis quelques années, l’implantation de centrales photovoltaïques au sol suscite une contestation croissante. Car si l’intention est verte, la réalisation l’est parfois beaucoup moins.

Dans plusieurs territoires français, des projets de parcs solaires s’installent sur des espaces naturels, agricoles ou forestiers, menaçant la biodiversité locale, les paysages ou l’équilibre des sols. Une forme paradoxale de transition : artificialiser pour produire propre, au détriment d’autres biens communs. Ces “projets absurdes”, comme les qualifient certaines associations, posent une question essentielle : quelle transition voulons-nous ? Peut-on développer massivement l’énergie solaire sans céder à une logique de rentabilité à court terme ni sacrifier les équilibres écologiques locaux ?

L’essor du photovoltaïque au sol : un outil utile mais mal orienté

Une montée en puissance encouragée par les politiques publiques

Face aux objectifs européens et français de neutralité carbone, le développement du photovoltaïque est fortement soutenu. Le solaire représente une part croissante du mix énergétique, avec une accélération des projets de grandes centrales au sol pour produire à grande échelle.

Une logique industrielle de rentabilité au détriment du territoire

Les opérateurs recherchent des terrains peu chers, plats, accessibles, souvent en dehors des zones urbanisées. Cela conduit à cibler des espaces naturels ou agricoles, parfois situés dans des zones sensibles (Landes, parcs régionaux, zones forestières), provoquant une artificialisation masquée du territoire.

Une contradiction écologique croissante

Ces installations peuvent détruire des habitats naturels, fragmenter des écosystèmes, ou réduire la capacité des sols à stocker du carbone. L’argument “vert” devient alors discutable : produire de l’électricité propre ne doit pas se faire au prix d’une destruction silencieuse du vivant.

Étude de cas : ces projets qui interrogent

Les Landes : un front de lutte contre les parcs photovoltaïques forestiers

Dans le sud des Landes, plusieurs projets ont été stoppés grâce à la mobilisation citoyenne. Des dizaines d’hectares de forêts de pins devaient être rasés pour laisser place à des panneaux solaires, dans une région déjà fragilisée par les tempêtes, la sécheresse et l’appauvrissement de la biodiversité.

Ici, la logique de profit foncier a primé sur la cohérence écologique.

Les parcs naturels régionaux : des zones “protégées” sous pression

Des projets ont vu le jour ou ont été proposés dans des PNR, comme celui du Luberon ou du Verdon, avec des impacts sur la biodiversité, la ressource en eau, et les paysages classés. Les collectivités locales s’en sont émues, car la logique de “vert à tout prix” menace les fondements mêmes de la protection du territoire.

Les friches agricoles ou industrielles : un potentiel mal exploité

À l’inverse, de nombreuses friches, anciennes zones industrielles, décharges ou parkings, pourraient accueillir du solaire sans impact écologique négatif majeur. Pourtant, ces terrains sont encore peu utilisés, faute d’incitations ou de planification stratégique.

Vers une transition solaire cohérente avec les objectifs écologiques

Prioriser les zones déjà artificialisées

La clé réside dans le principe de sobriété foncière. L’énergie solaire doit se développer en priorité sur les toitures, les parkings, les zones déjà imperméabilisées, ou les friches industrielles. C’est une question de bon sens, de justice territoriale et de cohérence écologique.

En France, les toitures d’entrepôts, hangars, supermarchés représentent un gisement photovoltaïque largement sous-exploité.

Intégrer le développement du solaire à une planification écologique du territoire

Il faut sortir de la logique opportuniste pour adopter une vision d’ensemble du foncier. Cela passe par :

  • des schémas régionaux écologiques et énergétiques,

  • des zones d’exclusion claires pour les milieux naturels sensibles,

  • une hiérarchisation des usages du sol, intégrée dans les documents d’urbanisme.

Associer les citoyens et protéger les biens communs

Une transition réussie doit être participative et transparente. Il ne s’agit pas de s’opposer au solaire, mais de choisir comment et où le déployer. Cela suppose d’associer les habitants, les élus locaux, les naturalistes, les agriculteurs, et de repenser les critères d’autorisation des projets en fonction de leur impact réel sur le vivant.

L’énergie solaire est une formidable opportunité pour décarboner notre économie, mais elle doit être déployée avec intelligence. Planter des panneaux sur des zones naturelles n’est pas moins absurde que de raser une forêt pour planter des arbres. Le véritable défi est de développer des énergies renouvelables sans renouveler les erreurs du passé : artificialisation, standardisation, extractivisme déguisé.

Pour cela, il faut sortir d’une logique d’accélération aveugle et entrer dans une transition lente, localisée, fondée sur la sobriété foncière, la concertation, et le respect des milieux. Le solaire oui, mais pas au prix de la nature.

olivier Kauf

Consultant depuis plus de 30 ans, Je suis depuis une dizaine d'années journaliste, professionnel dans le domaine des risques et des assurances pour le e-mag RiskAssur-hebdo (https://www.riskassur-hebdo.com) et témoin de mon époque pour https://notre-siecle.com et https://perelafouine.com.sans oublier notre planète https://terre-futur.com

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