Passeport batterie : la carte d’identité qui va révolutionner la voiture électrique d’occasion
L’un des principaux freins à l’achat d’un véhicule électrique d’occasion reste aujourd’hui la méfiance des acheteurs vis-à-vis de l’état de la batterie. Quelle est sa durée de vie restante ? Sa performance a-t-elle chuté ? Son historique est-il fiable ? Autant de questions qui trouveront bientôt des réponses précises et transparentes grâce au passeport batterie, un dispositif obligatoire dès 2027 dans l’Union européenne. Ce changement, loin d’être anecdotique, s’inscrit dans une stratégie plus large de promotion de l’économie circulaire et de massification de la mobilité durable. Explications.
Le passeport batterie : un outil de traçabilité au service de la transparence
Le passeport batterie, à l’image d’un carnet de santé numérique, regroupera toutes les données clés relatives à la batterie : capacité résiduelle, historique des charges, état de santé, matériaux utilisés, origine et taux de recyclage. Il répond à un impératif majeur : rassurer les consommateurs et garantir la fiabilité des batteries sur le marché de l’occasion.
À compter de 2027, cette innovation deviendra une obligation réglementaire européenne pour toutes les nouvelles batteries de véhicules électriques. Cette initiative marque un tournant dans la stratégie de décarbonation du transport, avec des conséquences concrètes sur la structuration du marché.
Une opportunité pour le marché de l’occasion et l’accessibilité des véhicules électriques
Le marché des voitures électriques d’occasion connaît une croissance spectaculaire. En 2025, les ventes ont progressé de près de 37 % par rapport à l’année précédente. Cette dynamique est notamment soutenue par le renouvellement des flottes d’entreprises, qui alimentent le marché de véhicules de seconde main en bon état.
Le passeport batterie joue ici un rôle de catalyseur : il supprime l’incertitude liée à l’état de la batterie, jusqu’alors difficile à évaluer par les particuliers. Résultat : les véhicules électriques d’occasion deviennent plus attractifs et plus compétitifs, avec des prix moyens autour de 20 490 euros, un écart qui se réduit avec les modèles thermiques (seulement 520 euros de différence en moyenne).
Un accélérateur de l’économie circulaire
Au-delà de la transparence, le passeport batterie s’inscrit dans une logique de durabilité. L’Union européenne prévoit d’imposer, d’ici 2030, des proportions minimales de matériaux recyclés dans les nouvelles batteries : 85 % de plomb, 12 % de cobalt, 4 % de lithium, 4 % de nickel. Ce cadre normatif incite à l’optimisation des ressources, à la réduction des déchets et à l’amélioration de la performance environnementale de l’ensemble de la chaîne de valeur.
Les bénéfices sont également économiques : jusqu’à 10 % de réduction des coûts pour les tests et 10 à 20 % d’économies sur les opérations de recyclage. Ces gains financiers contribueront à faire baisser le coût global de la mobilité électrique.
Vers une rotation plus rapide et un marché plus mature
Avec l’appui du passeport batterie, le temps moyen de vente des véhicules électriques d’occasion devrait se rapprocher de celui des modèles thermiques. Aujourd’hui, il faut en moyenne 147 jours pour vendre une voiture électrique d’occasion, contre 101 jours pour un modèle thermique. La fiabilité des données sur l’état de la batterie permettra d’accélérer la rotation des stocks, d’augmenter la fluidité du marché et de renforcer la confiance des acheteurs.
La Renault Zoé reste en tête des ventes d’occasion, suivie de la Peugeot e-208 et de la Fiat 500e. Ces modèles bénéficieront particulièrement de la transparence offerte par le passeport batterie, ce qui pourrait dynamiser encore davantage leur circulation sur le marché secondaire.
Un levier stratégique dans un marché en pleine explosion
Le marché mondial des batteries est en plein essor, avec une croissance annuelle prévue de plus de 30 % entre 2022 et 2030. En valeur, il devrait dépasser les 400 milliards de dollars, pour une capacité totale estimée à 4,7 TWh. Dans ce contexte, le passeport batterie n’est pas qu’un outil technique : c’est un véritable levier stratégique pour piloter l’industrialisation, l’innovation et la confiance dans la filière électrique.
Un changement de paradigme
En instaurant une traçabilité complète et accessible de la batterie, l’Union européenne redéfinit les règles du jeu. Le passeport batterie représente un changement de paradigme : il favorise une mobilité plus transparente, plus circulaire, plus économique et plus durable.
Pour François Gatineau, président de Mobileese, cabinet de conseil et bureau d’études certifié AFNOR spécialisé dans la mobilité électrique, cette évolution va dans le sens d’une structuration plus mature et plus responsable du secteur. En accompagnant les acteurs publics et privés dans leurs projets, Mobileese s’inscrit pleinement dans cette dynamique d’innovation au service de la transition énergétique.