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Les nouvelles technologies de capture du carbone : miracle ou illusion ?

Face à l’urgence climatique et aux engagements internationaux de réduction des émissions de CO₂, la capture et le stockage du carbone (CSC) apparaissent comme une solution potentiellement révolutionnaire. Ces technologies, qui visent à extraire le dioxyde de carbone de l’atmosphère ou à le piéger directement à la source, suscitent un intérêt croissant dans les industries polluantes et les politiques climatiques. Certains y voient une avancée essentielle pour limiter le réchauffement global, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’une fausse bonne idée, coûteuse et peu efficace. Dès lors, ces nouvelles technologies sont-elles un miracle pour la lutte contre le changement climatique, ou bien une illusion qui détourne l’attention des véritables solutions ?

La capture du carbone, une solution prometteuse pour atténuer le changement climatique

1. Un moyen de réduire efficacement les émissions industrielles

La CSC permettrait de capter les émissions de CO₂ directement à la source, notamment dans les secteurs très émetteurs comme les centrales à charbon, les raffineries et les cimenteries. En empêchant ce CO₂ de rejoindre l’atmosphère, ces industries pourraient continuer à fonctionner tout en respectant les engagements climatiques. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), ces technologies pourraient réduire jusqu’à 15 % des émissions mondiales d’ici 2050.

2. Une technologie compatible avec la transition énergétique

Les énergies renouvelables ne suffisent pas encore à couvrir tous les besoins énergétiques mondiaux, notamment en raison de leur intermittence. La CSC permettrait une transition plus progressive, en décarbonant partiellement les industries fossiles en attendant une mutation complète du modèle énergétique. De plus, le stockage du CO₂ sous terre ou sa réutilisation dans certains procédés industriels (production de carburants synthétiques, de bétons bas carbone) ouvrent des perspectives intéressantes pour l’économie circulaire.

3. L’essor des nouvelles approches de capture directe dans l’atmosphère

Des entreprises comme Climeworks ou Carbon Engineering développent des systèmes capables d’aspirer directement le CO₂ de l’air ambiant, une approche qui pourrait théoriquement permettre d’inverser la tendance de l’accumulation de carbone. Si ces projets se développent à grande échelle, ils pourraient devenir un outil clé pour atteindre la neutralité carbone.

Une illusion technologique aux limites économiques et environnementales

1. Une solution trop coûteuse et énergivore

Les infrastructures de CSC nécessitent des investissements massifs. La capture du carbone à la source coûte entre 50 et 100 dollars par tonne de CO₂ captée, tandis que la capture directe dans l’air atteint des coûts encore plus élevés (entre 200 et 600 dollars par tonne). De plus, ces technologies requièrent une énergie considérable, ce qui pose un paradoxe : utiliser plus d’énergie pour réduire des émissions qui auraient pu être évitées autrement.

2. Un alibi pour prolonger l’exploitation des énergies fossiles

Certains experts dénoncent la CSC comme une stratégie permettant aux grandes industries polluantes de repousser la transition énergétique. Plutôt que d’investir dans des solutions durables comme l’électrification ou les énergies renouvelables, certains gouvernements et entreprises voient dans la CSC un moyen de prolonger artificiellement l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz naturel.

3. Un stockage du CO₂ aux risques incertains

Le stockage géologique du CO₂ sous terre (dans d’anciennes formations pétrolières ou aquifères salins) reste une solution incertaine sur le long terme. Des fuites pourraient survenir, avec des conséquences environnementales et sanitaires potentiellement graves. Le cas de la centrale de Sleipner en Norvège, où du CO₂ est injecté sous la mer du Nord depuis les années 1990, est souvent cité en exemple, mais il demeure un cas isolé à grande échelle.

Une technologie d’appoint, mais pas une solution miracle

La capture et le stockage du carbone offrent une réponse technologique prometteuse pour réduire les émissions industrielles à court terme, notamment pour les secteurs où la transition énergétique est complexe. Toutefois, ces solutions ne doivent pas être perçues comme une alternative aux efforts de réduction des émissions à la source.

Les coûts élevés, la consommation d’énergie et les incertitudes liées au stockage font de la CSC une technologie d’appoint, mais non une réponse suffisante pour atteindre les objectifs climatiques. Son déploiement doit s’accompagner d’un développement massif des énergies renouvelables et d’une transformation en profondeur des modèles de production et de consommation.

Ainsi, plutôt qu’un miracle technologique, la CSC apparaît comme un outil parmi d’autres dans l’arsenal de la lutte contre le changement climatique. Elle peut jouer un rôle dans la transition, à condition de ne pas devenir un prétexte à l’inaction en matière de réduction des émissions.

Les technologies de capture du carbone suscitent de nombreux espoirs, mais elles ne doivent pas être considérées comme une solution miracle. Bien qu’elles puissent contribuer à la diminution des émissions de CO₂, elles présentent de nombreuses limites économiques et techniques. Il est donc crucial de les envisager comme un complément aux stratégies de décarbonation, et non comme une excuse pour repousser les efforts en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. L’avenir du climat repose avant tout sur une transformation profonde des modes de production et de consommation, et non sur une solution technologique unique.

olivier Kauf

Consultant depuis plus de 30 ans, Je suis depuis une dizaine d'années journaliste, professionnel dans le domaine des risques et des assurances pour le e-mag RiskAssur-hebdo (https://www.riskassur-hebdo.com) et témoin de mon époque pour https://notre-siecle.com et https://perelafouine.com.sans oublier notre planète https://terre-futur.com

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