Le travail d’intérêt général au service de la solidarité
Pour certains, le travail d’intérêt général (TIG) devient une porte d’entrée vers la réinsertion sociale et professionnelle, loin de l’image punitive qu’on lui associe souvent. Derrière cette démarche, un partenariat méconnu entre le ministère de la Justice et la Fédération Française des Banques Alimentaires se renforce pour 2025, ouvrant de nouvelles perspectives à ceux qui doivent reconstruire leur avenir.
Un partenariat renforcé entre Justice et Solidarité
À l’occasion du Salon International de l’Agriculture 2025, la Fédération Française des Banques Alimentaires (FFBA)et le ministère de la Justice ont renouvelé une convention essentielle qui lie ces deux institutions depuis 2019. Cet accord-cadre vise à développer le travail d’intérêt général (TIG) au sein du réseau des Banques Alimentaires, offrant ainsi une alternative aux peines d’emprisonnement et favorisant la réinsertion sociale des condamnés.
Le choix du salon de l’agriculture pour officialiser cette signature est symbolique : il met en avant la volonté d’étendre les opportunités de TIG dans le secteur agricole, un domaine marqué par des tensions sur l’emploi et des besoins en main-d’œuvre non comblés.
Le TIG : un levier d’insertion au cœur des territoires ruraux
Avec près de 14 000 heures de TIG exécutées en 2023 dans les Banques Alimentaires, ce partenariat prend une ampleur significative. Loin d’être une simple sanction, le travail d’intérêt général devient un vecteur de réinsertion sociale et professionnelle.
Un engagement durable : Plusieurs anciens « tigistes » ont choisi de poursuivre leur engagement après avoir côtoyé des publics fragilisés, rejoignant les Banques Alimentaires en tant que bénévoles.
Une diversification des tâches : L’objectif est d’élargir les missions accessibles aux personnes placées sous main de justice, en proposant des activités variées adaptées à leurs compétences et aspirations.
Une implantation dans le monde rural : Le développement du TIG en zones rurales permet de répondre aux besoins locaux en main-d’œuvre tout en offrant une solution alternative aux peines privatives de liberté.
L’agriculture et l’alimentation comme moteurs de réinsertion
Le secteur agricole représente un cadre idéal pour le développement du TIG. Déjà expérimentées dans plusieurs départements, les missions liées au maraîchage et à la culture permettent aux condamnés de retrouver un rythme de travail structurant et un contact direct avec la nature.
Les Banques Alimentaires, quant à elles, jouent un rôle clé en associant ces missions à une démarche solidaire. Travailler au service de la lutte contre la précarité alimentaire donne du sens aux peines exécutées, tout en sensibilisant les condamnés à des enjeux sociétaux cruciaux.
Jean Cottave, président de la FFBA, souligne l’importance de cette démarche :
️ « Les Banques Alimentaires se sont engagées dans l’accueil de personnes condamnées à des travaux d’intérêt général depuis 2019, et une quarantaine d’entre elles ont déjà rejoint le dispositif. Nous sommes très heureux de signer cette convention qui va nous permettre de consolider notre coopération et de contribuer à notre mission d’accompagner vers l’emploi et l’insertion sociale. »
Le Travail d’Intérêt Général : une peine utile pour la société
Au-delà de l’aspect agricole, le développement du TIG s’inscrit dans une vision plus large de la justice restaurative, où la peine devient un outil d’insertion plutôt qu’une simple sanction.
✔ Un tremplin vers l’emploi : En offrant une première expérience professionnelle, le TIG limite le risque de récidive et favorise le retour à l’emploi.
✔ Un levier d’apprentissage : Chaque mission est pensée pour permettre aux condamnés d’acquérir des compétences transférables à d’autres secteurs.
✔ Une dimension citoyenne : Travailler dans une Banque Alimentaire ou sur une exploitation agricole permet de contribuer activement à une cause d’intérêt général.
Comme le souligne Albin Heuman, directeur de l’ATIGIP :
️ « Le TIG est un vecteur de citoyenneté et d’inclusion important, car la peine d’intérêt général favorise l’insertion professionnelle des personnes condamnées en leur offrant souvent une première expérience professionnelle et réduit ainsi le risque de récidive. »
Vers un modèle de réinsertion plus inclusif
En renouvelant cette convention, la Fédération Française des Banques Alimentaires et le ministère de la Justicerenforcent une approche innovante et humaine du travail d’intérêt général. Loin d’être une simple sanction, le TIG devient une opportunité, tant pour les condamnés que pour les secteurs en manque de main-d’œuvre, comme l’agriculture et la logistique alimentaire.
Ce modèle pourrait bien inspirer d’autres domaines professionnels, faisant du TIG un levier puissant de réintégration sociale et professionnelle. Une justice qui répare plutôt que de punir, une société qui donne une seconde chance : voilà l’enjeu majeur de ce partenariat renouvelé.
A propos de l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice (ATIGIP)
L’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice est un service à compétence nationale du ministère de la Justice créé le 7 décembre 2018 par décret du Garde des Sceaux. L’Atigip développe en lien avec l’administration pénitentiaire, le travail d’intérêt général, alternative à la prison, et l’activité professionnelle des personnes suivies par la Justice, en élaborant des dispositifs d’orientation, de formation, de travail en détention et d’accompagnement vers l’emploi.
Depuis 40 ans, les Banques Alimentaires se mobilisent pour lutter contre la précarité alimentaire
Premier réseau national d’aide alimentaire avec 111 implantations y compris dans les territoires ultramarins, les Banques Alimentaires collectent chaque année sur tout le territoire plus de 120 000 tonnes de produits, soit un équivalent de 241 millions de repas, auprès de l’industrie agroalimentaire, des agriculteurs, de la grande distribution et du grand public, avec le soutien de l’Union européenne et de l’Etat. Grâce à plus de 7 700 bénévoles et 618 salariés, elles accompagnent près de 2,4 millions de personnes en situation de précarité alimentaire à travers 6 060 associations, CCAS et épiceries sociales partenaires. Actrices de l’accompagnement social par l’alimentation, notamment via son programme phare Bons gestes & bonne assiette® dont l’objectif est de recréer du lien social et de participer à l’amélioration de la santé, les Banques alimentaires développent également des projets innovants et locaux à fort impact social : ateliers de transformation de produits alimentaires, développement de circuits courts et solidaires, dispositifs itinérants, ateliers et chantiers d’insertion sociale. La Fédération Française des Banques Alimentaires est reconnue d’Utilité Publique depuis le 22 février 2023.